1/2 diablesse, une ange et une guilde.

Diabloca aimait la solitude depuis son enfance, et en enfer, c’était un luxe qui s’appréciait à sa juste valeur. Pourtant, elle ne regrettait pas d’être venue s’installer dans le château de la guilde des Wersats. En y pensant, il y avait même un léger sourire amusé qui pointait sur le bout de ses lèvres. Cependant, rien n’avait prédisposé à ce qu’elle en arrive là. Elle se souvenait encore des circonstances qui l’avaient amené à installer sa résidence secondaire dans cette grande communauté.

Diabloca s’ennuyait dans son château. Cela faisait déjà quelque temps qu’elle s’était installée sur l’ile de Dakim, et finalement, elle se rendait compte qu’elle s’était laissé bercer par la douceur de vivre du bord de mer.
Elle avait apprécié le château du sage pour son isolement, mais maintenant, elle trouvait que c’était un peu trop tranquille. Tourmenter les habitants de son domaine ou même du voisinage ne l’amusait plus. Torturer la racaille du coin ne durait pas assez longtemps, pas assez résistante. Bref, tout cela était d’un ennui à mourir, si cela n’avait pas déjà été fait.

Des informations avaient fini par lui parvenir sur une grande place où se tenait un marché. Diabloca détestait la foule, mais elle ne voyait rien de plus intéressant à faire pour le moment. Elle décida de se mettre en route vers la place commune la plus proche.

Elle sortit sur le lion des enfers qu’elle avait réquisitionné pour lui servir de monture et se mit immédiatement en route. Elle arriva bientôt à la limite d’une grande place et allait entrer avec sa monture quand elle fut arrêtée par quelques soldats qui semblaient nerveux.
«Pardon, Noble Dame, mais vous ne pouvez pas entrer sur la place avec votre monture, vous pouvez la laisser là» dit un qui semblait les commander, en désignant une sorte d’écurie.
Diabloca regarda dans la direction indiquée. Effectivement, il y avait déjà toute sorte d’animaux pouvant servir de monture. Elle faillit protester, puis haussa les épaules. Elle laissa les soldats se débrouiller avec le lion des enfers qui protestait déjà et se dirigea vers le centre de la place.

Il y avait toute sorte de seigneurs et dames sur la place, orcs, humains, elfes, etc, mais beaucoup la regardait avec curiosité. Une diablesse, c’était nouveau, et la rumeur commençait à enfler sur la place.
Elle sentait la colère montée en elle. Elle regrettait déjà sa décision de venir jusqu’ici, elle avait horreur d’être dévisager comme une bête curieuse. Avec rage, elle fit demi-tour et s’apprêtait à regagner l’écurie quand elle entendit une voix timide qui appelait:

«Diabloca?».

Elle se retourna d’un bloc et reconnu son amie de longue date, Pilpa, une douce elfe.

- «Pilpa? Mais qu’est ce que tu fais là?»
- «Et toi, diablesse?»

.Diabloca éclata de rire. Rien ne pouvait lui faire plus plaisir que de retrouver Pilpa. Elles tombèrent dans les bras l’une de l’autre, sous les regards étonnés des gens de la place qui se demandaient comment deux être aussi dissemblable en apparence pouvaient être amis.

-«Allez, viens, je t’invite à la taverne, on se racontera nos aventures tout en buvant quelque chose» proposa Diabloca.

L’elfe acquiesça et toutes les deux se dirigèrent vers la taverne où elles s’installèrent, dans un coin tranquille. Elles commandèrent à boire et commençaient à se raconter leurs aventures réciproques, puis les consommations arrivant, un silence agréable s’installa entre elles. Elles se connaissaient depuis déjà un moment, et elles n’avaient nul besoin de paroles pour se comprendre. Un regard ou un sourire en disait plus long.
Puis, elles se séparèrent, après avoir pris une carte et désignées à l’autre leurs domaines respectifs.
Diabloca repris le chemin de son château, contente de cette rencontre.

Quelques semaines plus tard, et malgré quelques lettres échangées, Diabloca s’aperçu qu’elle était retombée dans le même ennui que la première fois. Et si elle rendait visite à son amie? Voilà quelque chose d’agréable à faire en perspective, et elle se mit en route. Il lui fallait contourner la grand place de la dernière fois, et c’est là qu’elle vit son amie sans avoir la peine d’aller jusqu’à son domaine.
Elle la héla:

- «Pilpa! Bonjour! Et bien, dit donc tu as fait des frais d’habillement» Poursuivi Diabloca en remarquant les nouveaux atours flambant neufs dont l’elfe était pourvue.

«Ho, ça! Mais ce n’est pas moi, j’ai rejoint une guilde qui m’en a généreusement fait don….»

Pilpa n’eu guère le temps de poursuivre sa phrase, au mot guilde, Diabloca avait fait une grimace septique tout à fait significative, l’elfe poursuivi donc sur ce ton:
- «Mais je suis sure qu’elle te plairait, le chef, Jagdpanther, est lui aussi un mort vivant. C’est grand squelette…, enfin, tu verras, rien à voir avec ceux de ton armée» Fini Pilpa en voyant la tête dubitative que faisait son amie.

Diabloca prit l’habitude d’aller de temps en temps à la place commune, finalement, cela l’amusait de croiser les regards nerveux et inquiets des passants. Et puis, tout lui tomba dessus sans qu’elle n’eu eu le temps d’y réfléchir.
Après avoir fait quelques emplettes, et se dirigeant vers l’écurie où elle avait laissé sa monture, elle entendit un cri de terreur. Elle aperçu une grande forme sombre, et intriguée, elle s’approcha pour voir.
Une manticore, sans doute échappée, s’était mis en tête de manger le quidam malchanceux qui passait par là. La bête, agacée par la présence d’un intrus, se retourna furieusement.
Diabloca, nullement effrayée (d’ailleurs elle n’avait jamais peur, de qui ou de quoi que ce soit), défia la créature du regard, tout en reculant légèrement au cas où la manticore décide tout de même d’attaquer.
Son attention étant fixée sur la bête, elle fut assez surprise d’entendre une voix caverneuse dans son dos lui dire:

- «Laissez, je vais m’en charger, cette bestiole est à moi».
- «Je n’ai nul besoin de votre aide, et…» Tout en commençant à parler, elle se retourna et ne fini jamais sa phrase, pour une fois prise au dépourvu par la personne qui se tenait derrière elle.
Il n’était pas possible que ce fut quelqu’un d’autre, alors, un léger sourire aux lèvres, elle se présenta:
- «Seigneur Jagdpanther, enchantée. Je suis une amie de Pilpa…».

Avec ce que lui avait dit son amie, Diabloca s’attendait à tout, sauf à cette entrée en matière prévenante.
S’il en fut étonné, il n’en montra rien. Il semblait plutôt intéressé, ou amusé:
- «Il me semble avoir entendu parler de vous. S’il en est ainsi, rejoignez donc notre guilde. Au point où on en est, ce n’est pas un boulet de plus ou de moins qui changera quelque chose.»

En tant normal, Elle aurait laissé éclater sa colère, mais la seule réponse qu’elle put faire à ce moment là, cela fut oui. Oui sans réfléchir, pour une fois, elle ne savait trop comment.
Et c’est comme ça qu’elle s’était retrouvé à déménager des affaires. Tout de même enthousiaste à l’idée de faire une surprise à son amie qui ne l’attendait surement pas de sitôt.

Arrivée à l’imposante bâtisse commune de la guilde, elle s’était bien vite aperçu qu’elle avait perdu son arme favorite, son fouet fétiche. Furieuse de sa distraction, elle était partie en coup de vent pour essayer de le retrouver et avait faillit rentrer dans le premier visiteur qui déjà se présentait.

Et c’était son amie Pilpa qui avait été la toute première à lui rendre visite, avertie de sa venue par on ne sait quelle intuition, et, pour le coup, l’avait prise par surprise

Ensuite était venue un certain seigneur Ubris. Galant, il lui avait offert un nouveau fouet, lui laissant à peine balbutier quelques remerciements qu’il repartait déjà, laissant place à de nouveaux curieux.

Dante pour ne pas le nommer, qui était l’un des administrateurs de cette noble maison. Diabloca l’apprendrait plus tard, mais il n’était pas un lieu où il apparaissait sans être suivit par le second administrateur, Bossan, comme un duo bien rodé.
Ils se disputaient sans cesse le titre d’administrateur officiel, ou c’était à celui qui serait le meilleur.
Ils répétaient cette dispute un peu partout où il passait. D’ailleurs, Bossan en faisait des tonnes, s’étant lui-même proclamé le roi diabolique. Ce qui la faisait légèrement sourire, vu qu’elle ne connaissait qu’un (le Diable en personne) et qu’il ne l’était pas.
Dante n’en faisait guère moins, et à eux deux, ils terrorisaient (ou essayaient en tout cas) les nouveaux qui venaient se présenter.
Diabloca les aimait bien, ils mettaient un peu d’animation dans la grande maison commune, souvent un peu déserte.

En fait, quand elle réfléchissait, elle avait eu la visite de tous les sous chefs, et même un rapide coup d’œil du chef pour voir si elle était bien installée.
Elle avait adoré les opinions de Dame Aëlissandya sur les bonnes manières qui manquaient cruellement aux seigneurs de cette guilde.
La dernière personne notable à lui avoir rendu visite était ce sacré bon sang de paladin, pour ne pas le nommer, messire Richius.
Les choses s’étaient d’elles mêmes mal présenté dès le début, lui voulant l’envoyer garder des moutons.
Son sang de diablesse n’avait fait qu’un tour, et il avait échappé de justesse à son fouet. Il n’avait peur de personne, et il n’aurait été gentil, elle aurait pu le considérer comme l’un des siens.
Mais il ne pouvait s’empêcher de la provoquer, malgré quelques remontrances, et elle, elle n’était pas fille du démon de la colère pour rien, et elle s’emportait facilement.

Et puis tout cela devint secondaire à ses yeux. Elle ne se reconnaissait plus. Elle ne dormait plus la nuit, le fouet prenait la poussière, suspendu à un clou à un mur du château. Elle délaissait ses affaires, et même avait (pour une fois), payé ses ouvriers.
Bref, même le peuple de son domaine ne la reconnaissait plus, mais ils se gardaient bien de faire une quelconque remarque, dès fois qu’elle redécroche son fouet du mur.

Diabloca avait récemment pris l’habitude d’aller dans la salle de discutions. Souvent, elle s’installait dans un coin sur un siège, et se faisait oublier. Mais elle aimait écouter ce qu’il se racontait. Quelques fois, elle s’y trouvait en même temps que Pilpa. Comme ce fameux jour.
Pour une fois, elle était arrivée au même moment que l’elfe et elles s’étaient installées toutes les deux cote à cote. Parfois, elles se faisaient un petit commentaire à voix basse. Pilpa était justement en train de lui dire quelque chose quand le seigneur Ubris entra et Diabloca perdit le fil de sa conversation, les yeux fixés sur le drow. Quand celui-ci fut repartit, Pilpa lui demanda:

- «Tu ne m’écoutais même pas, n’est ce pas?
Tu ne serais pas un peu amoureuse, par hasard?»

Diabloca rougit. Plus parce que, effectivement, elle n’avait plus rien entendu de ce que son amie lui disait. Pour le reste, elle s’en défendit:

- «Mais non, voyons…………………….., et puis de toute façon, il ne me remarque même pas…»

Pilpa regarda son amie d’un œil critique. Evidement, Diabloca avait gardé la même armure et les mêmes vêtements depuis qu’elle était arrivée. Les vêtements étaient propres, mais tout déchirés. Quant à son équipement de guerrière, il avait bien vécu, et menaçait, par endroit de tomber à tout instant.
Diabloca était toujours plus occupé à combattre les monstres qu’à renouveler son équipement.
Ce n’était guère dans ses préoccupations, sauf si elle trouvait une pièce de meilleure facture.
Elle soupira, et se laissa convaincre de suivre son amie à son château, histoire de mettre quelques atours un peu moins amochés.
Elle se laissa entrainer dans les boutiques, tout en protestant que c’était inutile. Mais Pilpa réussi tout de même à lui faire acheter des vêtements neuf et une nouvelle armure.
Elles se rendirent au château de l’elfe pour les essayages. Les vêtements de la diablesse étaient en piteux état, en dessous. En les enlevant, apparu un étrange pendentif.

A sa vue, l’elfe devint dangereusement pale, puis, se mit dans un état d’énervement que Diabloca n’avait jamais vu auparavant.
- «Où à tu eu ce pendentif?!!!!!!!! Il est à ma famille, rends le moi, rends le moi!!!!»
- «Attends, attends, calme toi et explique toi, j’ai ce pendentif depuis toujours, je ne l’ai pris à personne, si c’est ça que tu veux me dire…»
Alors, Pilpa expliqua:
- «Ce pendentif appartenait à ma mère, qui était un ange.
(Et devant l’air étonné de Diabloca, elle poursuivi en expliquant) Oui, je ne suis pas un pur elfe, ma mère était une ange. Elle portait ce pendentif. Mais un jour qu’elle était partie en forêt cueillir des plantes, elle disparu à jamais».
A ces mots, ce fut le tour de Diabloca de palir comme jamais cela ne lui était arrivé. Elle tomba, plus qu’elle ne s’assit, sur la chaise la plus proche.
Malgré son émotion, Pilpa remarqua la blancheur de son amie, c’était bien la première fois qu’elle la voyait ainsi. Alors, devinant qu’elle avait quelque chose d’important à dire, elle laissa le temps nécessaire à la diablesse pour qu’elle commence son récit.
- «Tu le sais peut être, ou tu l’avais deviné à mon aspect, mais ma mère était un ange aussi. Je ne me souviens que très peu de ma mère. Elle était très malade, et très triste. Elle est morte quand j’étais très jeune, mais avant de mourir, elle m’a donné ce pendentif…..»
Diabloca laissa sa phrase en suspend, le temps que Pilpa réalise ce qu’elle venait de dire. Effectivement, elles avaient été amies quasiment depuis leur rencontre, mais là, elles découvraient qu’elles étaient demi sœurs.

Elles parlèrent encore jusqu’au soir de leur mère. Elles en étaient venues à la conclusion qu’elle s’était sans doute fait enlever cette fameuse fois, lors de la balade en foret. La conversation retomba sur les démons, évidement. Avec toutes ces émotions, elles en avaient un peu oublié le but initial de cette réunion entre filles.
Mais finalement, à parler de démon, le sujet revint tout seul dans la conversation.

- «Il est tard, nous sommes fatigués. Mais demain, tu vas voir ton démon, et tu lui parle» Dit Pilpa.
«Et je lui dit quoi, moi?»
«Ha, tu verras bien».

Et le lendemain, à la salle commune, effectivement, il était là.
Pilpa poussa discrètement la diablesse vers le siège du drow.
Diabloca n’avait plus le choix, elle se trouvait trop près de lui pour pouvoir reculer sans se faire remarquer. Il était en train de se parler à lui-même, d’ailleurs, tout en alignant des chiffres sur un bout de parchemin:

- «Du bois, il me faut encore plus de bois»
- «Seigneur Ubris?» osa Diabloca.
Il la regarda à peine: «Oui? Que voulez vous? Vous n’auriez pas du bois, par hasard?»
Prise un peu au dépourvu par la tournure des évènements, Diabloca lui répondit juste un: «Combien vous en faut-il? Je vous en fournirais avec plaisir».

«Cinq milles unités, pour commencer, si vous avez», poursuivit-il. Et comme elle répondait par l’affirmative, il se désintéressa d’elle, écrivant le chiffe dans une colonne du parchemin.

Estomaquée, et un peu en colère, Diabloca retourna s’asseoir, complètement perdu par le désintérêt de ce seigneur.
Dans la journée, elle eu le temps de tourner et de retourner la scène dans sa tête. Plus elle y pensait et plus elle était en colère. Il l’avait complètement ignoré!!!!!!!

Le lendemain, elle était tellement furieuse, qu’elle alla se planter devant lui dans un mouvement de colère.
Etonné, il leva la tête, la regardant interrogativement. Perdue, elle ne put plus que lui lancé un regard de braise.

«Rien, justement».

Sur ces mots, et plus furieuse que jamais, elle tourna les talons. Diabloca avait eu, tout à la fois, envie de lui arracher ce maudit parchemin qu’il tenait encore une fois entre les mains et envie de lui voler un baiser sur le champ.
Mais quelques seigneurs et dames Wersats étaient malheureusement présent. Elle ne les connaissait pas encore tous suffisamment et avait été un peu gênée par le coup d’œil étonné qu’ils avaient lancé dans leur direction.
Elle était d’autant plus en colère qu’elle n’avait pu rien pu exprimer de ce trouble qui la prenait quand il la regardait. Elle se souvenait de la première fois, quand elle finissait juste de poser quelques affaires dans son nouvel appartement. Là non plus, elle n’avait rien pu lui dire, à part quelques remerciements imbéciles, à peine articulés.
Quelques temps après, elle avait été ravie d’apprendre que c’était un démon réincarné. Puis, elle avait profité de son poste d’observation dans la salle commune pour étudier les autres seigneurs qui venaient. Aucun ne lui faisait cet effet. Aucun autre démon non plus, quand elle était encore en enfer.

Tout à sa rage, Diabloca ne s’était pas rendu compte qu’elle avait pris machinalement le chemin de son domaine et qu’elle parcourait avec rage la campagne, sous l’œil terrorisé des habitants. Ceux qui n’étaient pas assez prompt pour éviter son chemin goutaient instantanément du fouet, qui finit par dégouliner de sang des assez malchanceux qui s’étaient trouvés trop près d’elle.

Ha, il aimait les parchemins! Qu’à cela ne tienne! Elle allait lui envoyer immédiatement une missive.

Contente de son idée, elle rentra dans le bureau de son château, pris un parchemin et une plume neuve, et commença à rédiger une lettre:



Seigneur,

La seule chose qui me mette vraiment en colère, c’est votre indifférence à mon égard. J’ajouterai même que vous avez passé trop de temps à errer tout seul dans ce bas monde. Un peu plus de connaissance du monde féminin vous aurai sans doute permis de voir que mon regard n’était point furieux.



Elle signa, puis confia le courrier à un postier avec comme instruction de faire parvenir au plus vite.

L’écriture avait fini d’apaiser la colère de Diabloca. Elle remarqua enfin qu’elle était toute tachée de sang et décida de se changer. Elle était en train de confier ses affaires à nettoyer quand elle entendit un croassement à la fenêtre. Elle leva les yeux et aperçu un corbeau perché là. Celui-ci décolla alors aussitôt pour se poser devant elle. Elle vit alors qu’il portait un message à la patte.
Elle regarda l’oiseau sans bouger, un peu étonnée. Finalement, elle se décida à détacher le parchemin de ce messager original, qui s’envola aussitôt.

Diabloca examina le parchemin sans le déplier essayant de deviner qui pouvait bien lui écrire. Elle ne recevait quasiment jamais de courrier. Elle ouvrit, lut, et jaillit de sa chaise comme mue par un ressort.

Quoi!!!!
Mais pour qui la prenait-il???
Il osait!!!

Certes, elle ne s’attendait pas à une réponse aussi rapide, mais pas non plus dans ses termes. Elle lut et relut le message pour bien être sure. Et petit à petit, vint un autre sentiment que la colère, l’envie d’accepter ce diner.
La rage d’être traitée de façon aussi cavalière et la tentation de dire oui au diner se partageait alternativement sa préférence. Et elle tournait en rond dans la chambre de son château, comme une furie.
Après tout, elle pouvait peut être faire les deux à la fois, lui dire sa façon de penser devant cette invitation guère élégante, tout en acceptant ce diner.
Soulagée d’avoir trouvée la solution à son problème, il ne restait plus qu’à faire parvenir sa réponse:


Monsieur,

Vous me voyez ravie de la promptitude de votre réponse. Je serai enchantée de vous éclairer sur les points de ma précédente missive qui vous paraissent obscurs.
Si demain soir vous conviendrai, je serai disponible pour vous tenir compagnie.

Diabloca



Il ne restait plus qu’à faire parvenir le courrier. Elle trouvait que le service postal n’était finalement pas adapté à cette correspondance. Elle convoqua l’un de ses cavaliers squelettes (qui avait l’avantage d’être muet), lui confia le pli avec ordre de le porter avec célérité.
Il revint quelques heures plus tard, avec une réponse positive. Sans doute le Démon avait il réussi à le retenir pour qu’il rapporte sans délai son propre message.

Le lendemain, Diabloca ne quitta guère la maison guilde, essayant de faire passer le temps comme elle pouvait. Arrivé le soir, elle s’aperçu avec horreur qu’elle était toujours en tenue de guerrière et qu’elle n’avait même plus le temps de se changer.
Ah puis, que Diable (ha ha) la tenue! Elle se dirigea d’un pas décidé vers les appartements d’Ubris et frappa fermement à la porte.

La porte s'ouvrit, et le Seigneur Ubris l'invita à entrer. .....

Et Diabloca paniqua un court instant devant la décoration cent pour cent infernale dont elle avait perdu l'habitude, depuis le temps.
Elle se retourna, pour se retrouver quasiment dans les bras du drow qui la suivait. Dire qu'elle lui rentra dedans serait peut être un mot plus juste.

Elle fut alors de nouveau prise d'une envie folle de l'embrasser sur le champ. En fait, elle était presque sure que ses lèvres l'avaient effleuré.
Elle ne savait pas si il l'avait remarqué, mais elle n'en commença pas moins à rougir (ça ne faisait que deux fois en quelques jours).

Elle recula, malgré tout génée , pour finalement rentrer résolument dans la salle à manger.
Elle s'installa sur un siège , tout en se disant que, décidément, en ce moment, elle faisait vraiment tout en dépit du bon sens.

Elle demanda:

- "Seigneur Ubris, en quoi puis je vous éclairer?"

Diabloca remarqua aussi que quelque chose avait changé. Le regard de l’elfe noir n’était plus tout à fait le même. Elle fut prise d’un frisson et avala le verre d’alcool d’un seul coup. Comme les serviteurs commençaient à lui proposer des plats, elle prit un peu de tout, au hasard, se rendant à peine compte de ce qu’elle mangeait, les yeux fixés sur son hôte.

Diabloca se disait que ce décor convenait parfaitement à cette rencontre. Son regard s’embrasa de nouveau, comme la première fois où elle avait plongé ses yeux dans les siens.

Elle avait bien compris que, cette fois là, il s’était mépris sur le sens de son regard. Mais cette fois ci, elle avait bien l’intention de ne pas faire planer le doute.

Elle demanda, à voix basse:


- «Seigneur, avez-vous réellement besoin d’éclaircissement sur la situation?»

Diabloca regarda Ubris se lever. Elle entendit avec plaisir ce qu’il lui disait. Etait ce un aveu? Ca y ressemblait fort, en tout cas. Quand il se pencha vers elle, Diabloca n’avait pas encore réellement compris ses intentions, mais elle, elle n’y tenait plus. Depuis qu’elle était entrée, elle brulait de l’embrasser. Elle finit le mouvement que le drow avait commencé, et leurs lèvres se rencontrèrent dans un premier baiser brulant, qui finit bien trop tôt à son goût.

Diabloca avait un peu la tête qui tournait. Etait ce le baiser ou bien l’alcool? A moins que ce ne fut les deux. Tout ce qu’elle voulait, c’est l’embrasser encore.

Doucement, elle prit la main d’Ubris et la plaça sur son cœur à elle. Puis, elle lui donna un autre baiser. Diabloca pouvait sentir son cœur, pourtant immobile depuis des années, frémir sous la main diabolique du drow, pendant qu’ils s’embrassaient de nouveau.
Diabloca mit fin à se second baiser en espérant ne pas avoir offensé son hôte par son initiative.

Si Diabloca était un peu grise d’alcool et de baiser, elle n’était point soule. Quand les portes se fermèrent, son sang ne fit qu’un tour dans ses veines, et la colère se raluma. Encore un peu sous le choc de la conduite de son hôte, elle s’assit sans résistance, mais quand il l’embrassa de nouveau, elle le gifla.
Ho, ce n’était guère une gifle violente, mais elle fit un petit bruit sec, assez pour qu’Ubris cesse immédiatement de l’embrasser. Il la regarda avec étonnement, mais pour ne voir que dans son regard que les foudres d’une violente colère qui s’accumulait.
Elle lui signifia d’une voix glaciale:

«Monsieur, je crois que vous vous méprenez sur mon compte. J’ai passé sous silence votre invitation un peu cavalière. Mais votre attitude ce soir, relève d’une si grande indélicatesse et d’un manque évident de savoir vivre que cela relève purement et simplement d’une goujaterie sans nom…»

Diabloca se lève, se dirige vers la porte et sort, telle une reine offensée. Quand elle est enfin dehors, elle se met à courir, en rage, dans la campagne, en se traitant de folle et d’insensée d’avoir accepté ce diner. Elle couru ainsi jusqu’à son domaine, s’enferma dans sa chambre et versa, depuis la première fois depuis la mort da sa mère, des larmes.
Ha pourquoi avait il fallu qu’elle s’entiche d’un démon?!!! Se demandait elle, tout à la fois en colère contre elle et contre lui. Et par-dessus tout, elle avait l’impression que son cœur s’était brisé de tristesse.

Diabloca pleura un moment sur la soirée. Elle se calma enfin mais ne parvint pas à trouver le sommeil. Elle s’allongea sur son lit, essayant d’apaiser tout à la fois son cœur meurtri et sa colère devant la conduite inqualifiable du démon. Alors qu’elle s’éloignait à la hâte, elle avait pu entendre le cri de rage qu’il avait poussé.
Après ça, elle se disait qu’elle n’allait plus jamais oser se présenter devant lui. En fait, qu’il ne fallait surtout pas qu’il la revoit, sinon, elle ignorait ce qu’il était capable de faire.

Pourtant, Diabloca ne pouvait pas rester indéfiniment cloitrée dans son château. Et puis, ça ne lui ressemblait pas de trembler comme ça, elle n’allait pas commencer à avoir peur, tout de même?
Et s’il ne voulait plus la voir?
Ha! Peut être pouvait elle remédier à ça.

Elle se leva et se mit à fouiller dans sa vieille malle de transport qu’elle n’avait pas touché depuis qu’elle était arrivée à Dakim.

Une vielle armure, non, un pourpoint, non plus.

Au fur à mesure qu’elle fouillait dans la malle, Diabloca jetais à travers la pièce avec de plus en plus de fureur ses ancienne pièces d’équipement de guerrière.

Rien, il n’y avait rien!!!!

Elle allait abandonner avec dépit, quand elle aperçu un morceau de tissu gris, tout au fond. L’espoir revint! Etait ce qu’elle croyait?
Délicatement, elle prit le tissu avec un luxe de précautions. Entre ses mains, il changea instantanément de couleur pour virer à un rouge clair. La robe changeante finit de se déplier, arrachant un sourire de satisfaction à Diabloca.
C’était quasiment une pièce unique. Seul les anges savaient les faire, elle ne se souvenait même plus où elle avait déniché celle-ci. La particularité de ce genre de tissu est qu’il changeait de couleur selon son environnement ou l’humeur de celui qui le portait.
Diabloca l’essaya sans plus tarder. C’était parfais, la robe était magnifique et lui allait à merveille. Légèrement moulante, elle tombait jusqu’aux pieds.

Puis, elle eu un long moment d’hésitation. Voulait-elle vraiment retourner voir le seigneur Ubris dans cette tenue?
Aller le voir? Peut être pas. Mais tomber sur lui par hasard….
Alors, elle verrait bien quelle était l’humeur de ce diabolique drow, devenu si important pour elle.

Elle se mit en route pour la maison des Wersats. Arrivée là bas, elle se mit à déambuler à travers les couloirs, s’attirant des regards et quelques sifflets admiratifs. Mais elle n’avait point envie de faire la conversation à tous les seigneurs masculins des environs. Le seul qu’elle avait vraiment envie de voir n’était point en vue.

Malgré tout, à un moment, elle ne put échapper à un badinage entreprit par l’un d’entre eux. Intérieurement, elle soupira. Mais faute de mieux, cela la distrayait un peu de ses sombres pensées.

Quand soudain, elle l’aperçu, apparemment concentré sur ses propres préoccupations. Elle essayait de l’observer discrètement pour voir la tête qu’il ferait quand il la remarquerait (ou pire, s’il ne la remarquait pas).
Elle avait de plus en plus de mal à faire semblant de s’intéresser à la conversation qu’elle avait, pour jeter (à la dérobée) des coups d’œil en direction d’Ubris. Sous l’effet de sa tension, sa robe vira au pourpre profond.

Diabloca surprit le regard du Démon. Elle eu un frisson dans le dos devant son intensité, mais resta stupéfaite de le voir aussitot tourner les talons. Avait elle mal interprété son regard?



Pourtant, elle avait cru y décerner de la jalousie. Etait il vraiment jaloux ou avait elle mal comprit le sens de se regard. Et surtout, pourquoi l'avait il laissé avec ce raseur si il était jaloux?



Brusquement, comme souvent, la colère la prit de nouveau. Elle planta là le seigneur avec qui elle discutait sans la moindre explication (au grand étonnement de celui ci).



Diabloca venait de penser que, finalement, elle aurait peut être dû éclaircir la situation ce fameux soir. Il était grand temps de le faire. Elle suivit le chemin qu'elle avait vu Ubris prendre et devina qu'il s'était rendu chez lui. Elle frappa donc à sa porte.



Lorsqu'il ouvrit, elle demanda:



- " Monsieur, j'ai des choses importantes à vous dire, puis je entrer?"



Comme le démon acquissa, malgré un regard plein de colère qu'elle lui retourna, Diabloca entra et s'assis sur le fauteuil le plus proche. Elle soupira. Elle était venue dans un mouvement de colère, mais la colère s'était éteinte, maintenant.



Elle essaya de mettre de l'ordre dans ses pensées, puis commença à parler d'une voix lente et basse:



- " Je ne dors plus la nuit, victime d'un ensorcellement.



Un seigneur a pris une place très importante dans mon coeur, à tel point qu'il arrive même parfois à le faire battre.



Il vient me hanter chaque jour dans mon esprit, et surtout, dans mon coeur.



Pas un seul jour ne passe sans que je pense à lui.



Aujourd'hui, je m'étais apprétée spécialement dans l'espoir de le rencontrer et de lui parler.



Et de lui avouer que je ne peux plus me passer de lui car je l'aime."



La fierté l'empecha de dire les choses autrement. S'il ne comprenait pas qu'elle parlait de lui, il finirai sans doute de briser ce qu'il lui restait de coeur. Mais avant de lui dire je t'aime dans les yeux, elle voulait au moins savoir s'il avait quelques sentiments pour elle.

Il l'aimait, il l'aimait, il l'aimait!!!!!!!!!

Un bruit sourd envahi ses oreilles après cet aveu qu'elle espérait tant. Diabloca s'aperçu avec étonnement que c'était son coeur qui avait battu dans sa poitrine. Ca faisait lontemps qu'elle n'avait plus entendu ce bruit. Et quand il l'embrassa, elle le senti à nouvau frémir.

Elle lui rendit d'ailleurs son baiser avec une fougue qui lui était inconnue jusqu'à présent. Elle aurait aimé que cet instant dure toujours. Quand le baiser cessa enfin, elle confirma ses dernières paroles en plantant son regard embrasé dans celui d'Ubris:


-"Oui, Seigneur, je vous aime. J'avoue que c'est nouveau pour moi aussi."


Elle se blotti contre lui, la tête sur son épaule et sentit son désir brulant. Elle n'y était pas insensible mais préféra finalement s'écarter à regret, mais avec détermination. Un léger sourire mutin flottait sur ses lèvres car elle venait de penser qu'il aurait bien besoin d'un ou deux cours particuliers sur les manières à tenir avec les dames, fussent elles demi diablesse.